En collaboration avec Olivier Rodrigues Moniz
Trente ans après l’entrée en vigueur de la taxe sur les services (TPS), Ottawa introduit discrètement une nouvelle taxe en entérinant la Loi sur la taxe sur les logements sous-utilisés (« TLSU »). Ce tout premier impôt foncier fédéral aurait pour objectif de lutter contre la spéculation immobilière au Canada. Il est rare que l’introduction d’une nouvelle taxe soit acceptée sans trop de résistance ou encore que personne ne se révolte contre l’appropriation d’une compétence exclusivement provinciale, qu’est le logement, par le fédéral. Pourquoi ?
Probablement parce que la loi est présentée de telle sorte que les Canadiens, propriétaires d’immeubles loués, ne devraient pas avoir à payer la taxe et donc, ne se sentent pas visés. Pourtant, l’assujettissement à la loi vise également des Canadiens qui pourraient avoir des pénalités importantes à payer, faute de s’y conformer.
Annoncée lors du budget fédéral 2021 et entrée en vigueur le1er janvier 2022, la TLSU vise à imposer une taxe annuelle de 1 % sur la valeur de biens immobiliers qui répondent à la définition d’un immeuble résidentiel, si l’immeuble est sous-utilisé ou vacant, et qu’il appartient directement ou indirectement, en totalité ou en partie, à des personnes, physiques ou morales, non canadiennes et non résidentes.
Pour réussir à identifier les immeubles qui seront assujettis à cette nouvelle taxe, la loi prévoit la production d’une déclaration annuelle (formulaire UHT-2900), une déclaration pour chaque immeuble résidentiel. Cela obligera de nombreux propriétaires, incluant certains propriétaires canadiens, à dénoncer leur situation, à défaut de quoi, des pénalités de non-production, pouvant aller jusqu’à 10 000 $, s’appliqueront.
La déclaration annuelle et le paiement d’un solde de taxe s’il y a lieu, à l’Agence du Revenu du Canada (« ARC ») devra être fait au plus tard le 30 avril de l’année civile suivante.
La détermination de votre obligation de produire une déclaration TLSU se fait en deux étapes. En premier lieu, il faut être propriétaire, au 31 décembre, d’un immeuble qui répond à la définition d’un « immeuble résidentiel » et en second lieu, vous ne devez pas être « propriétaire exclu », aussi défini dans la Loi TLSU.
Quand on parle d’un « immeuble résidentiel » aux fins de la TLSU, on pourrait simplifier et vulgariser la définition en mentionnant qu’on vise les immeubles situés au Canada, qui sont des « triplex ou moins », soit :
En résumé, les sociétés privées sous contrôle canadien (« SPCC »), les associés des SENC, certains fiduciaires et les particuliers quine sont pas des citoyens canadiens devront probablement produire une déclaration s’il possède un immeuble résidentiel au 31 décembre.
Plusieurs exemptions feront en sorte que les citoyens canadiens ou les résidents permanents, même s’ils détiennent les immeubles via des entités juridiques, n’auront généralement pas à payer la taxe malgré leur obligation de produire la déclaration. Une SPCC, détenue à plus de 90 % par des citoyens canadiens, des résidents permanents ou d’autres propriétaires exclus, sera exemptée. Un associé ou un fiduciaire qui est un citoyen canadien ou un résident permanent sera également exempté.
Les non-résidents qui ne sont pas des citoyens canadiens pourront être exemptés si, par exemple, le logement est loué, par bail, plus de180 jours par année. Par contre, la location à court terme, sur Airbnb par exemple, ne permettrait pas d’exempter un non-résident dans la mesure où la loi prévoit que pour atteindre les 180 jours d’occupation, on ne doit pas compter les périodes de moins d’un mois.
Il ne faut surtout pas sous-estimer la simplicité de cette déclaration. Il est très important de contacter vos professionnels fiscaux afin d’analyser si vous êtes assujettis à la nouvelle taxe annuelle ou devez obligatoirement demander une exemption, à risque d’être obligé de payer des pénalités.
Sans être une liste exhaustive, nous suggérons aux personnes ci-dessous de communiquer avec nous afin d’analyser votre situation, à savoir :
Excellente nouvelle! L'ARC a prolongé la date limite de production de la nouvelle déclaration relative à la TLSU.
Initialement, la date limite de déclaration et de paiement de la TLSU était le 30 avril (1er mai 2023 pour l'année d'imposition 2022), mais l'ARC a annoncé que les pénalités et/ou les intérêts ne seront pas appliqués aux déclarations ou aux paiements tardifs, à condition qu'ils soient reçus au plus tard le 31 octobre 2023. Cette prolongation ne s'applique qu'aux déclarations et aux paiements relatifs à l'année fiscale 2022.
Ainsi, cela vient donner un allègement aux propriétaires assujettis afin de se conformer aux nouvelles règles fiscales sans nécessairement être pénalisés avec des sommes faramineuses. Un allègement qui est très bien accueilli par les professionnels fiscaux étant donné que la toute première année de déclaration de la TLSU coïncidait également avec la « saison » des impôts!
Nous pouvons vous aider dans vos démarches!
Pour de plus amples renseignements, n’hésitez pas à faire appel à nous.